Le MCM Café, le 21 juin 2002
La Norvège, on a toujours voulu la voir comme un pays blanc de glace où la seule façon de survivre
était de se noyer dans l’alcool. Chacun sa bouteille, car à leur façon des artistes ont su produire
un élixir qui vous réchauffe le cœur dès la première lampée. Parmi les plus fameux on vante les Kings
Of Convenience et leurs chansons boisées ou bien Sondre Lerche. Tout droit sorti d’une comptine,
il est ce petit lutin à la frimousse malicieuse et au sourire enjoliveur qui charme la foule de ses
refrains. Sa Norvège, elle est gaie, excitée ; en tout cas c’est de cette façon qu’on se plaît à la
voir à l’écoute de ses chansons. Comme si elle était branchée sur une prise électrique, sa musique
magnétique relève de la juste mélodie au bon moment.
Habituellement parée de ses plus beaux atouts, sur scène Sondre Lerche dénude sa musique de ses
apparats ; ses chansons nous apparaissent alors dans leur plus simple appareil : jeunes et fragiles.
Elles émettent dans l’atmosphère une musique fraîche et spontanée qui ouvre un passage secret
dans la chambre de Sondre, là où tout a commencé il y a quelques mois à peine. Affichant une
attitude décontractée et guère conscient qu’il est confronté à un public, il semblerait qu’il
n’y ait qu’un pas à faire de sa chambre à une scène de concert.
Tel un jouet qu’on vient tout juste de lui offrir, Sondre s’éclate avec sa guitare électrique,
la faisant tour à tour rugir, vibrer, fredonner dans toutes les tonalités possibles, et
s'abandonnant parfois à des « jams » superflus qui laisse son auditoire en dehors du jeu.
Semblable à Zébulon échappé du Manège Enchantée, il gambade partout en compagnie de ses créatures
qui se révèlent être chétives. A vouloir trop les dépouiller, les voilà bien dévêtues…
On lui reprocherait aussi d’aborder ses compositions avec trop d'errements comme s’il venait
de les apprivoiser. Le public, pour une partie, découvre la musique de Sondre, mais il semblerait
que ce dernier encore plus. Disséminant ici et là des hésitations certaines, les titres se suivent
au bon grès du jeune musicien, qui prend tout avec facilité et un plaisir certain.
Rita Carvalho